Charlemagne

Né le 02/04/742 ; Mort le 28/01/814

Deuxième roi franc de la dynastie Carolingienne, Charlemagne reste dans l’histoire comme le restaurateur de l’Empire d’occident. Au-delà de l’immensité de son territoire qui s’étend de l’Atlantique à la Baltique et des Pyrénées au Danube, il incarne le renouveau et les contradictions de son temps. Ainsi, misant sur la culture et le savoir, il est l’acteur de la Renaissance carolingienne et insiste pour la création d’écoles gratuites ouvertes à toutes les strates sociales. Pourtant, lui-même ne parviendra jamais à écrire. Fervent lecteur de la Cité de Dieu de ST Augustin ses conquêtes amoureuses n’ont d’égales que ses conquêtes militaires, trahissant le paganisme de ses ancêtres. Toutefois, s’il n’hésite pas à utiliser une brutalité des plus « barbares » pour convertir les Saxons au christianisme, Charlemagne poursuit tout son règne l’ambition de reconstituer une Europe unie par la foi chrétienne.

 

Charles Ier le Grand

Charles est probablement né le 2 avril 742 dans le royaume Franc, sur le territoire de l’actuel Belgique. Il est le fils aîné de PEPIN LE BREF et de BERTHADE DE LAON, dite « Berthe aux grands pieds ». Pépin le Bref  est le fils de Charles Martel. Confronté à la domination des mérovingiens, il parvient à se faire élire roi des Francs en novembre 751 après avoir déposé CHALDERIC III. Trois ans plus tard, le 28 juillet 754, le pape Etienne II le couronne, ainsi que ses fils Charles et Carloman. Charles apprend alors l’art de la guerre et du pouvoir en suivant son père.

A la  mort de Pépin le Bref, Charles est couronné en même temps que son frère Carloman. Il porte le nom de Charles Ier le Grand, en référence à sa taille (il mesure 1.90 mètre). Son nom latin est Carolus Magnus, ce qui est à l’origine du terme Charlemagne. Le Royaume de Pépin est donc divisé en deux, Charlemagne ayant comme capitale Noyon et Carloman, Soisson. Pépin avait misé sur une bonne entente entre ses deux fils mais il ne faut que quelques mois pour que l’Histoire contredise ses espoirs.

770 est une année difficile pour Charlemagne qui doit affronter la révolte des Aquitains sans que son frère daigne l’aider. De surcroît, il croit faire une bonne opération en épousant Désirée, la fille du roi des Lombards. Pour cela, il rompt son union maritale avec Himiltrude, femme de petite condition qui lui a déjà donné un enfant. Mais le visage de sa nouvelle femme n’est guère gracieux…

Dès l’année suivante, lorsque son frère Carloman meurt tandis que son beau-père Didier s’en prend aux territoires du Saint-Siège, la situation change brusquement.

Les premières conquêtes

Ne laissant guère le temps à ses neveux de se partager les terres de Carloman, Charlemagne s’en empare immédiatement. Prenant le parti de Rome contre celui du roi des Lombards, Didier, il en profite pour répudier Désirée et épouser la belle Hildegarde, jeune femme de treize ans dont il est sincèrement amoureux.

Dès 773, il scelle son union avec le Saint-Siège en attaquant les Lombards qui capitulent à Pavie. Charlemagne obtient sa première victoire importante et ajoute la Lombardie à son Royaume. Se portant garant de la sécurité des Etats pontificaux, il renforce encore ses liens avec l’Eglise. Dès lors, Charlemagne se donne pour mission de christianiser l’Europe et notamment les rois saxons. Au-delà de sa propre croyance, Charlemagne insistera tout au long de son règne sur la nécessité de christianiser les puissants comme la population car c’est un ciment puissant pour unir des peuples de langue et de culture différentes.

Charlemagne multiplie donc les combats et les conquêtes, notamment à l’est. Deux raisons le motivent : une situation politico-économique qui nécessite l’acquisition de nouvelle terres et de nouvelles richesse pour garantir la pérennité du royaume, et la volonté de christianiser. En 772, il fait un coup double en s’attaquant à l’Irminsul. Monument païen, l’Irminsul (ou arbre-monde) est de surcroît un lieu chargé de trésors. Brisant une idole, Charlemagne en profite pour enrichir le royaume. C’est le début d’une longue et violente lutte contre les Saxons.

Roncevaux et la mort mythique de Roland



Bien que l’on associe Charlemagne à la capitale de son Empire, Aix-la-Chapelle (Aachen), le roi vit une vie nomade, allant d’une frontière à l’autre à la recherche de nouvelles conquêtes. Le roi ne part d’ailleurs pas seul avec son armée et ses conseillés, il est accompagné par sa femme Hildegarde.

En 778, enceinte de jumeaux, elle suit Charlemagne dans son périple espagnol. Sollicité par un Maure dissident, Charlemagne traverse les Pyrénées pour conquérir Barcelone, Pampelune et attaque Saragosse. Stoppé aux portes de la ville et apprenant que le leader saxon WIDUKIND a fomenté un soulèvement à l’est, le roi franc fait demi-tour. Mais, attirées par le butin, des troupes basques décime l’arrière-garde à Roncevaux. Si la Chanson de Roland, écrite trois siècles plus tard, enjolive considérablement l’histoire, il reste que Charlemagne perd en Roland un de ses plus fidèles auxiliaires.

Un royaume sous contrôle

A l’image de l’épisode de Roncevaux, le royaume franc et ses frontières ne sont pas un havre de paix. Conscient du problème, Charlemagne établit des « marches » dans les zones les plus risquées. Les marches sont des zones placées sous commandement militaire afin de prévenir et de contenir les attaques ennemies. De telles zones sont notamment établies aux environs de Nantes et Rennes pour contenir les Bretons ou en Espagne pour se prémunir des incursions sarrasines.

D’un caractère autoritaire, Charlemagne veut contrôler la bonne tenue de son royaume. Or, son étendue rend cette tâche extrêmement difficile à l‘époque. Le roi nomme donc des hommes de confiance à la tête des différentes régions. Et il renforce son contrôle en créant les missi dominici (envoyés du maître), dont la charge est de s’assurer de la bonne application des directives royales. Les missi dominici voyagent ainsi par deux, un laïc et un religieux, afin d’équilibrer les pouvoirs.

Une lutte sans merci contre les Saxons

A l’ouest, Charlemagne rencontre une résistance acharnée de la part des Bretons qu’il ne parviendra jamais à briser. Il se contente de maintenir une marche à la frontière de la Bretagne. A l’est en revanche, Charlemagne ne restreint pas ses ambitions. Depuis 772, il mène une guerre sporadique et violente. En 782, il est aux prises avec l’ancien chef Saxon WIDUKING qui le bat au mont Sunthal. Le roi franc fait alors preuve d’une violence inouïe en ordonnant l’exécution des 4 500 otages retenus à Verden. Finalement Widukind sera battu en 785. Charlemagne consolidera sa présence en s’emparant de la Bavière en 788 puis en s’emparant de la Carinthie détenue par les Avars. Il met d’ailleurs à cette occasion la main sur le Ring, enceinte fortifiée remplie de trésors de guerre.

Charlemagne, nouvel Empereur d’Occident

Bien qu’il puisse faire preuve d’autoritarisme et de brutalité, Charlemagne est loin d’être un guerrier frustre assoiffé d’or et de nouvelles conquêtes. Il s’entoure des plus grands savants de son temps pour réformer le royaume. Ainsi, depuis 781, l’anglais ALCUIN  le conseille au quotidien, mais il est bientôt rejoint par Paul Diacre et Eginhard (son biographe). Atterré de constater que certains moines ne savent pas écrire et révolté par l’existence de religieux peu scrupuleux et sombrant facilement dans l’ivrognerie, il charge l’Eglise de former plus rigoureusement religieux et laïques. Pour cela il décrète l’instauration d’écoles libres et accessibles gratuitement. Celles-ci sont destinées à former l’élite administrative et religieuse du pays.

En l’an 800, Charlemagne assiste à la cérémonie de Noël, lorsque le Pape Léon III le couronne et prononce la formule « Charles, Auguste couronné par Dieu grand et pacifique empereur, vie et victoire ! ». L’Empereur d’occident renaît en la personne de Charlemagne ! Mais ce dernier ne se réjouit guère et il serait même sorti de la cérémonie en colère. Il convoitait certainement le titre d’Empereur et devait être en négociation avec le Pape. Toutefois, la cérémonie le prend au dépourvu. En effet, laisser Léon III lui poser la couronne, c’est admettre qu’il doit son pouvoir et sa légitimité d’Empereur à l’Eglise ! Un millénaire plus tard, Napoléon s’en souviendra et se posera lui-même la couronne…

Si l’Empire d’orient peine à reconnaître ce titre, Charlemagne bénéficie d’une légitimité nouvelle. Malgré quelques difficultés sporadiques à l’est, les frontières de l’Empire sont stables et Charlemagne se consacre avant tout à la politique intérieur durant les quatorze dernières années de son règne. Souhaitant moraliser le pays, il multiplie les initiatives favorisant une meilleure organisation de l’Empire et un renouveau culturel : c’est la Renaissance carolingienne.


Quelques années avant sa mort, Charlemagne projette de partager ses territoires entre ses trois fils. Cependant, deux meurent entre 806 et 813. Sentant ses forces décliner, Charlemagne décide finalement de transmettre son titre d’Empereur à Louis. Louis le Pieux est couronné en 813. Un an plus tard, Charlemagne décède dans sa capitale, Aix-la-Chapelle. En restaurant l’Empire, Charlemagne a contribué à stabiliser l’Europe du Moyen-Age et à asseoir la présence et le pouvoir de l’Eglise. Cependant, son immense Empire ne lui survivra pas.