L’héraldique est la sciences des armes. Par « armes », il faut entendre armoiries, blasons, écus. C’est une science auxiliaire de l’histoire. Le terme d’héraldique provient du mot héraut (orthographié hérauld en ancien français). Au Moyen-Âge, le héraut d’armes était, d’une manière générale, une personne qui avait des connaissances d’héraldique. Le rôle du héraut a toutefois beaucoup évolué au cours des siècles : d’abord simple ménestrel nomade, il s’est ensuite attaché au service d’un chevalier, avant de devenir un maître de cérémonie dans les palais européens.
Un héraut digne de ce nom doit exceller dans deux domaines :
- Il doit en premier lieu savoir reconnaître à quelle famille appartient un écu. C’est pourquoi les hérauts réalisaient des armoriaux. Un armorial (au pluriel, des armoriaux) est un recueil d’armes, c’est-à-dire un document qui recense des armoiries.
- Il doit en second lieu savoir blasonner. Le blasonnement est le nom donné à la description d’un écu. Savoir lire un blasonnement et
savoir soi-même blasonner est la partie la plus difficile de l’héraldique, car elle nécessite de connaître le vocabulaire héraldique adéquat. C’est ce qui fait de l’héraldique
une science riche, précise mais complexe.
En héraldique il existe trois grandes catégories de couleurs. Il est important de savoir les distinguer afin de respecter la règle de contrariété
des couleurs.
1 - LES METAUX
Les métaux (au singulier, un métal) peuvent être considérés comme étant les « couleurs claires ». Les seuls métaux sont l’argent et l’or. N’étant réduits qu’au nombre de deux, les métaux sont très largement utilisés.
2 - LES EMAUX
Les émaux (au singulier, un émail) peuvent être considérés comme étant les « couleurs foncées ». Bien qu’il n’existe pas de classification officielle des émaux, en voici ci-après une classification consentuelle. Les émaux principaux, c’est-à-dire les émaux les plus anciens et les plus utilisés, sont le gueules, l’azur, le sable et le sinople.
Tous les autres émaux sont dits secondaires, ce sont les émaux les moins utilisés. Pour ma part cependant, je distingue ceux que j’appelle les vrais émaux secondaires, des émaux que je qualifie de modernes. Les vrais émaux secondaires sont tout aussi anciens que les principaux mais sont peu utilisés en comparaison. Il s’agit du pourpre et de l’orangé. Enfin, les émaux modernes sont pour certains les plus récents et pour d’autres les moins utilisés. Il s’agit de la carnation, de l’acier, de la mûre, de la sanguine et du tanné.
Cette liste des émaux est exhaustive, même s’il est de plus en plus fréquent de trouver toutes sortes de couleurs dans l’héraldique que je qualifierais de « contemporain », mais ces autres couleurs ne sont pas des couleurs héraldiques et cet héraldique n’est d’ailleurs plus vraiment de l’héraldique, en tout cas plus de l’héraldique dit moderne, c’est-à-dire traditionnel.
3 - LES FOURRURES
Les fourrures ne sont ni des métaux, ni des émaux. On les appelle fourrures car elles s’inspirent de fourrures d’animaux. Les deux fourrures principales sont l’hermine et le vair. Les autres fourrures ne sont que des dérivées de ces deux-ci, telles que la contre-hermine.
En héraldique, les armes se divisent en cinq parties principales :
- Le chef, qui correspond au haut de l’écu.
- La pointe, qui correspond au bas de l’écu.
- Le flanc dextre, qui correspond au côté gauche de l’écu.
- Le flanc senestre, qui correspond au côté droit de l’écu.
- Le coeur, qui correspond au centre de l’écu.
Ces noms proviennent des parties du corps de l’écuyer. Imaginez-vous en effet chevalier, face à votre écuyer qui tient votre écu devant lui. Le haut du
bouclier touche son chef, c’est-à-dire sa tête. Le centre de l’écu est posé contre son coeur. Quant au côté gauche de l’écu, il est à
sa dextre, c’est-à-dire à sa droite. Tandis que le côté droit de l’écu est à son senestre, c’est-à-dire à sa gauche.
Le champ, les partitions et ses quartiers.
En héraldique le fond de l’écu est appelé champ.
Le champ peut être partagé en plusieurs « morceaux » que l’on appelle des quartiers, selon des lignes verticales, horizontales, diagonales, etc… que l’on appelle des partitions. Lorsque l’écu est divisé en neuf quartiers égaux par deux lignes verticales et deux lignes horizontales, les quartiers ainsi obtenus sont appelés cantons.
La partition est la première chose que l’on énonce lors du blasonnement. On énonce la couleur du champs seulement après. Autrement dit, lorsque l’on décrit un écu, on commence toujours par donner sa partition, si partition il y a, puis on donne sa couleur.
A chaque partition correspond un ordre précis de blasonnement des quartiers. La régle d’ordre de blasonnement suit les directions héraldiques. Elle se formule de la manière suivante :
« Chef avant pointe, dextre avant senestre ».
En d’autres termes, après avoir énoncer la partition, on décrit chaque quartier l’un après l’autre, selon un ordre qui dépend de la partition en question, mais dont la régle générale est la suivante : le haut avant le bas, la gauche avant la droite.
Les partitions ne sont pas soumises à la règle de contrariété des couleurs.
Les partitions principales.
Le plain désigne l’absence de partition.
Le parti divise le champ en deux quartiers égaux selon le pal (trait vertical). Le coupé divise le champ en deux quartiers égaux selon la
fasce (trait horizontal). Le tranché divise le champ en deux quartiers égaux selon la bande (trait diagonal descendant de gauche à droite). Le taillé divise le champ en deux quartiers égaux selon la barre (trait diagonal descendant de droite
à gauche). L’écartelé est la réunion du parti et du coupé. Il divise
donc le champ en quatre quartiers égaux selon le pal et la fasce. L'écartelé en sautoir est la réunion du tranché et du taillé. Il divise donc le champ en quatre quartiers égaux selon la
bande et la barre.
Les tiercés et autres partitions secondaires.
Le tiercé en pal divise le champ en trois quartiers égaux selon le pal (deux traits verticaux).
Le tiercé en fasce divise le champ en trois quartiers égaux selon la
fasce (deux traits horizontaux). Le tiercé en bande divise le champ en trois quartiers environ égaux selon la bande (deux traits diagonaux
descendant de gauche à droite). Le tiercé en barre divise le champ en trois quartiers environ égaux selon la barre (deux traits diagonaux descendant de droite à
gauche). Le tiercé en perle divise le champ en trois quartiers environ égaux
selon le pairle, c’est-à-dire un Y. Le tiercé en perle
renversé divise le champ en trois quartiers environ égaux selon le pairle renversé, c’est-à-dire un Y à l’envers. Le coupé en chevron divise le champ en deux quartiers environ égaux selon le chevron, c’est-à-dire un V à
l’envers. Le tiercé en chevron divise le champ en trois quartiers environ
égaux selon le chevron (deux V à l’envers).
En héraldique, le rebattement est le nom donné à la répétition de partitions ou de pièces, qui aboutit à des motifs « à rayures. » Le rebattements des pièces ne pose aucun problème, cette page se concentre donc uniquement sur le rebattement des partitions. De mon point de vue toutefois, dans une volonté de simplification, je préfère ne pas considérer les champs rebattus comme des partitions, car contrairement aux véritables partitions, la règle de contrariété de couleurs s’applique aux champs rebattus.
Il existe plusieurs catégories de champs rebattus.
Les palés et vergettés.
Le palé naît de la répétition du
parti, il s’agit donc d’un motif à rayures verticales. Sa dimension
par défaut est de 6 pièces. Il peut toutefois également être de 4 ou de 8 pièces. Au-delà, il devient vergetté de 10 ou 12 pièces. Lorsqu’il
est coupé d’un trait, le palé devient contrepalé. Sa dimension par défaut est toujours de 6 pièces. Il peut toutefois également être de 3, de 4 ou de 8 pièces. Au-delà, il devient contrevergeté de 10
ou 12 pièces.
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Les fascés et burelés.
Le fascé naît de la répétition du coupé, il s’agit donc d’un motif à rayures horizontales. Sa dimension par défaut est de 6 pièces. Il peut toutefois également être de 4 ou de 8 pièces. Au-delà, il devient burelé de 10 ou 12 pièces. Lorsqu’il est parti d’un trait, le fascé devient contrefascé. Sa dimension par défaut est toujours de 6 pièces. Il peut toutefois également être de 3, d e4 ou de 8 pièces. Au-delà, il devient contreburelé de 10 ou 12 pièces.
Les bandés et coticés.
Le bandé naît de la répétition du tranché, il s’agit donc d’un motif à rayures diagonales allant de gauche à droite. Sa dimension par défaut est de 6 pièces. Il peut toutefois également être de 4 ou de 8 pièces. Au-delà, il devient coticé (en bande) de 10 ou 12 pièces.
Les barrés et contre-coticés.
Le barré naît de la répétition du taillé, il s’agit donc d’un motif à rayures diagonales allant de droite à gauche. Sa dimension par défaut est de 6 pièces. Il peut toutefois également être de 4 ou de 8 pièces. Au-delà, il devient contre-coticé ou coticé en barre de 10 ou 12 pièces.
Les échiquetés.
L’échiqueté naît de la répétition de l’écartelé, il s’agit donc d’un motif à carreaux. Sa dimension par défaut est de 6 tires. Il peut toutefois également être de 4, de 8, de 10 , voire de 12 tires. Lorsqu’il n’est que de trois tires, l’échiqueté est appelé équipolé.
Le losangé.
Le losangé naît de la répétition de l'écartelé en sautoir, il s’agit donc d’un motif à carreaux basculés. Il est sans dimension, c’est-à-dire que le nombre de carrés basculés n’a pas d’importance.
Le fuselé.
Le fuselé naît de la répétition du meuble héraldique qu’est le fuseau, il s’agit donc d’un motif à losanges dont la petite diagonale vaut la moitié de la grande. Il est sans dimension, c’est-à-dire que le nombre de fuseaux n’a pas d’importance. Par défaut, le fuselé est en pal, mais il peut également être en bande ou en barre.
Les chevronnés.
Le chevronné naît de la répétition du coupé en chevron, il s’agit donc d’un motif à rayures en forme de V inversé. Sa dimension par défaut est de 6 pièces. Il peut toutefois également être de 4 ou de 8 pièces. On ne le trouve que très rarement de dix ou douze pièces, à ce stade le nombre de chevrons n’est bien souvent plus significatif d’ailleurs. Lorsqu’il est parti d’un trait, le chevronné devient contre-chevronné. Sa dimension par défaut est toujours de 6 pièces. Il peut toutefois également être de 4 ou de 8 pièces, voire de 10 ou 12 pièces.
Les gironnés.
Le gironné naît de la répétition de l’écartelé et de l'écartelé en sautoir, il s’agit donc d’un motif circulaire en forme de roue ou de rayons de soleil. Sa dimension par défaut est de 8 pièces. Il peut toutefois également être, de 10 ou de 12 pièces. Lorsqu’il n’est que de 6 pièces, il est mal-gironné, au moyen du coupé, du tranché et du taillé ou du parti du tranché et du taillé.