Henri III

(né le 19 septembre 1551, mort le 2 août 1589)

(Roi de France : règne 1574-1589)

Troisième fils de Henri II et de Catherine de Médicis, il naquit à Fontainebleau le 19 septembre 1551, parvint à la couronne par la mort de son frère Charles IX, arrivée le 31 mai 1574, et fut sacré à Reims le 14 février 1575.

On peut douter que l’ambitieuse et intrigante Catherine de Médicis ait jamais aimé ses enfants ; aussi attribue-t-on la préférence qu’elle accordait à Henri III, lorsqu’il n’était que duc d’Anjou, au dessein qu’elle méditait de l’opposer à Charles IX, si ce monarque tentait de secouer le joug qu’elle lui avait imposé. Le duc d’Anjou n’avait que dix-huit ans lorsque sa mère lui fit donner le commandement de l’armée destinée à soumettre les huguenots : la réputation qu’il acquit par les victoires de Jarnac et de Moncontour fut assez grande pour fixer les regards des Polonais, qui l’élurent roi en 1573.


Charles IX étant mort peu de temps après, la régence fut confiée à Catherine de Médicis jusqu’à l’arrivée du nouveau roi de France. Les Polonais, avertis par le prince de Condé, chef du parti des huguenots, tirent tous leurs efforts pour retenir le roi. Henri III fut obligé de dissimuler l’impatience qu’il avait de les quitter ; et, la nuit du 18 au 19 juin 1574, il s’enfuit, faiblement accompagné. Peu s’en fallut qu’il ne fût arrêté en chemin.


Henri III (1574-1589)
Henri III (1574-1589)


Rien n’est plus singulier que l’empressement d’un souverain à quitter des sujets qui veulent le retenir malgré lui, pour venir gouverner un peuple divisé en deux factions dont aucune n’était sincèrement dévouée à l’autorité royale : car la guerre civile continuait dans toutes les provinces de France, et comme la régente était généralement méprisée, chaque seigneur semblait vouloir profiter des désordres publics pour assurer son indépendance. Après avoir couru plusieurs dangers, Henri III arriva à Vienne, où il fut reçu avec amitié : à Venise on lui rendit les plus grands honneurs.




Partout on lui conseilla d’employer la douceur pour pacifier les troubles de son royaume, et l’on croit que telle était son intention lorsqu’il entra en France. Il trouva son conseil divisé en deux partis ; l’un désirait la paix avec les calvinistes ; l’autre voulait les réduire par les armes. Catherine de Médicis, plus propre à l’intrigue qu’habile à gouverner, et ne pouvant dominer qu’au milieu des divisions, appuya le parti qui voulait recourir à la force : la guerre fut décidée.


Cette résolution n’était pas mauvaise si elle eût été soutenue avec courage et persévérance et si le roi s’était mis lui-même à la tête de ses armées ; mais, par une inconséquence qu’on ne peut excuser, le même prince qui avait cherché la gloire, n’étant que duc d’Anjou, s’enferme dans son palais lorsque la sûreté de sa couronne exigeait impérieusement qu’il prit le commandement de ses troupes ; dès lors la guerre contre les huguenots ne fut qu’un nouveau moyen de fortune pour les favoris, et l’on vit se former à la cour plus d’intrigues et de cabales, plus de projets désastreux pour l’autorité royale, qu’on n’aurait pu en compter dans le parti des rebelles.


Ce règne a été appelé avec raison le règne des favoris. Catherine de Médicis les appuya d’abord dans l’espérance qu’ils se contenteraient de partager les plaisirs du roi, et la laisseraient exercer l’autorité ; mais aussitôt qu’elle s’aperçut que son fils s’éloignait d’elle, elle recommença ses intrigues avec les huguenots afin de se rendre nécessaire ; ainsi, après avoir contribué à décider la guerre contre eux, elle les servit avant même que les armées qu’on devait leur opposer fussent levées.


Aucune démarche ne reste longtemps secrète dans les jours de factions. La conduite de la reine mère répandit la terreur parmi les catholiques. Les Guise profitèrent de cette disposition des esprits pour préparer la réunion des différentes ligues qui, depuis longtemps, s’étaient formées dans les provinces, et tandis que tout s’apprêtait pour renverser la monarchie, quel que fût le parti qui triomphât, le roi ne pensait qu’à épouser la princesse de Condé, dont il était devenu amoureux, prétendant faire rompre le mariage qu’elle avait contracté avec un prince du sang, sous prétexte que ce prince était hérétique.


La mort de la princesse de Condé n’empêcha ce nouveau scandale que pour livrer Henri à une douleur si fastueuse et si peu soutenue que le peuple commença à perdre l’espérance qu’il avait conçue du nouveau règne. Le 15 février 1575, il épousa Louise, fille du comte de Vaudemont de la maison de Lorraine ; alliance condamnable en politique, puisqu’elle rapprochait de nouveau les Guise de la maison royale.


Le duc d’Alençon, frère du roi, mécontent du crédit dont jouissaient les favoris Quélus, Maugiron, Saint-Maigrin, Saint-Luc, Joyeuse et d’Épernon, de plus naturellement ennemi du repos, sans avoir une tête assez forte pour diriger sûrement son activité, se retira de la cour. Il avait désiré en vain qu’on lui confiât le commandement d’une armée, et c’est pour cela qu’il détestait particulièrement le duc de Guise, qui, à la tête d’un petit corps de troupes, s’opposait à la jonction des Allemands que les princes protestants envoyaient au prince de Condé.


Le duc, victorieux, fut blessé au visage dans un combat près de Château-Thierry : il en acquit le surnom de Balafré, qui était loin de lui être désagréable, puisque celle blessure rappelait celle que son père avait reçue à Vassi, et ne servait qu’à le rendre plus cher aux catholiques.


Le roi de Navarre, si célèbre sous le nom de Henri IV, était retenu à la cour depuis le massacre de la Saint-Barthélemy : la surveillance, à son égard, était d’autant moins rigoureuse, qu’on le voyait engagé dans des intrigues d’amour. Mais la gloire se fit entendre : il s’échappa en l’année 1576, et les mécontents se trouvèrent fort affaiblis, par sa présence, car ils eurent dès lors trois chefs, qui prétendaient également à les diriger : le prince de Condé, le duc d’Alençon et le roi de Navarre.


Henri III, qui n’avait pas su profiter de son avènement au trône pour ramener les rebelles, loin de tirer parti de leurs divisions pour les soumettre, se laissa entraîner dans des négociations qui se terminèrent au mois de mai 1576 par un nouvel édit de pacification, si favorable aux huguenots qu’ils en conçurent eux-mêmes des alarmes et que les catholiques prirent enfin la terrible résolution de sauver la religion de l’État, indépendamment des projets ultérieurs de la cour.


Toutes les ligues des catholiques se confondirent dans une ligue générale dont Paris fut le centre et régla tous les mouvements : le pape la soutint, dans la crainte de voir la France rompre l’unité de l’Église, et l’Espagne, pour empêcher les nouveaux religionnaires français de s’unir au parti que dans les Pays-Bas on appelait les gueux.


Les princes et les grands se servirent des opinions religieuses comme d’un moyen politique : les peuples seuls combattirent de bonne foi pour défendre leur croyance, et ce qui mérite d’être remarqué dans ces sanglants débats, c’est que la force aveugle mais persévérante des peuples atteignit le but marqué, tandis que les vastes projets des grands politiques furent trompés par l’événement. L’Espagne perdit les Pays-Bas et ne put dominer la France ; les Guise sauvèrent la religion catholique et ruinèrent leur maison, et Henri IV ne parvint à la couronne qui lui était due qu’en embrassant la religion au nom de laquelle ou voulait le détrôner.


Les huguenots, forts du traité de pacification qu’ils venaient de dicter, avaient insisté sur la convocation des états généraux, dans l’espérance de s’y montrer triomphants. L’assemblée fut réunie à Blois, et s’ouvrit à la fin de 1576 ; mais les catholiques avaient repris un tel ascendant, depuis la Sainte-Union, que le roi, prévoyant qu’ils lui demanderaient hautement d’approuver la ligne qu’ils avaient formée, prit la résolution de s’en déclarer lui-même le chef : politique excellente, s’il s’était montré lui-même à la tête des armées et s’il avait su profiter de l’exaltation naturelle aux partis pour tout entraîner.


C’est ce que fit Henri IV lorsque les huguenots quittèrent l’assemblée de Blois, où l’on adoptait contre eux des mesures sévères ; la chaleur qui régnait dans ce parti fut le moyen qu’il employa pour s’en faire déclarer le chef, et l’on ne voit pas qu’il en soit devenu l’esclave. Mais Henri III voulait tout à la fois être le chef des catholiques, proscrire les calvinistes et jouir en repos dans son palais de tous les plaisirs qui flattaient son imagination déréglée : ce n’était pas le moyen de déconcerter la politique du duc de Guise ; c’était au contraire prendre les livrées de sa faction et se mettre dans sa dépendance.


La cour leva deux armées : l’une fut confiée au duc d’Alençon, devenu duc d’Anjou ; l’autre au duc de Mayenne, frère du Balafré. Il ne se fit rien de considérable, quoique la division se mit dans le parti des huguenots ; mais elle régnait aussi dans le parti du roi, qui, de même que son frère, ne pouvait cacher la jalousie que lui inspirait le duc de Guise, jalousie que les favoris entretenaient avec d’autant plus de soin qu’ils la partageaient et dès l’année 1577 on signe à Bergerac un nouveau traité qu’on ne se mit guère en peine de faire exécuter.


C’est alors que les huguenots formèrent le plan d’une république fédérative, dans l’intention de ne plus dépendre des caprices de leurs chefs, comme les catholiques avaient formé la Ligue pour se soustraire aux irrésolutions de la cour. Le duc d’Anjou, malgré les ordres du roi, partit pour les Pays-Bas, où il était appelé par les habitants, qui, voulant secouer la domination espagnole, lui promettaient de le reconnaître pour souverain ; promesse qu’ils n’avaient pas l’intention de tenir.


Cette désobéissance qu’osa se permettre le duc d’Anjou fit tort à Henri III dans l’esprit des Français, et les prodigalités, l’amour du roi pour ses favoris, sa dévotion minutieuse, et toute en pratiques extérieures, son libertinage, qui allait souvent jusqu’au scandale, ses amusements frivoles, le ridicule de ses ajustements efféminés, achevèrent de le rendre pour ses sujets un objet de mépris : car le peuple, qui ne juge les rois que par leurs actions publiques, ignorait tout ce qu’il y avait d’ailleurs de grand et de généreux dans l’âme de ce prince : « caractère d’esprit, incompréhensible, dit M. de Thou ; en certaines choses au-dessus de sa dignité, en d’autres au-dessous même de l’enfance. »


Sur la fin de l’année 1578, Henri créa l’ordre du Saint-Esprit en mémoire de ce qu’il avait été élu roi de Pologne et était parvenu au trône de France le jour de la Pentecôte : mais cette institution cachait le projet sage de réunir les grands de tous les partis par le serment auquel s’engageaient les chevaliers de l’ordre. Les bonnes intentions manquaient moins à ce monarque que la persévérance nécessaire pour en obtenir un résultat.


Le roi de Navarre ayant repris les armes sous prétexte qu’on n’observait pas les conditions accordées à son parti, le duc d’Anjou fit signer un nouveau traité en 1580, dans l’espérance qu’on lui laisserait lever des troupes pour aller défendre le parti qu’il servait, ou plutôt qui se servait de lui, dans les Pays-Bas ; en effet, cette paix dura près de cinq ans, soit que le nombre des guerriers emmenés par le duc d’Anjou eût diminué les moyens et affaibli la manie de recourir sans cesse aux armes, soit que les maladies pestilentielles qui ravageaient la France eussent frappé les esprits de terreur.


Le duc d’Anjou, trahi dans les Pays-Bas, obligé de fuir d’un pays qu’il croyait gouverner, revint dans le sien cacher sa honte et son dépit, et mourut sans s’être marié le 10 juin 1584. Sa mort fixa l’attention des partis sur la succession au trône. Henri III n’ayant pas d’enfants, les huguenots voyaient dans le roi de Navarre l’héritier présomptif de la couronne : les catholiques ne purent voir en lui qu’un hérétique armé pour renverser la religion de l’État.


Le duc de Guise saisit l’occasion pour se déclarer chef de le Ligue et pour traiter avec l’Espagne : dans le fond de sa pensée il conçut dès lors l’espérance de monter sur le trône, quoiqu’il parût appuyer les projets de Catherine de Médicis en faveur de la branche aînée de Lorraine.


On a peine à concevoir comment, au milieu de tant d’intrigues et de troubles, la France jouissait au dehors de la plus haute considération ; mais le fait est digne d’être remarqué. Les jalousies réciproques des partis et les divisions dans chacun d’eux avaient beaucoup affaibli les hostilités : la cour paraissait elle-même ne pas attendre de grands avantages de ces dispositions, et n’en appréhender aucune suite fâcheuse, puisqu’elle continuait à dépenser en fêtes scandaleuses un argent si nécessaire à l’entretien des armées.


Ce ne fut qu’en 1587 que la guerre civile prit un caractère sérieux. Henri IV gagna le 20 octobre la bataille de Coutras, dans laquelle le duc de Joyeuse fut tué ; mais loin de profiter de la victoire, il retourna en Béarn, attiré par l’amour : aussi le succès qu’il obtint tourna-t-il contre lui, en révélant aux chefs de la Ligue ce qu’ils devaient appréhender de ces talents militaires.


Paris appela le duc de Cuise, qui, de son côté, reçut de Henri III l’ordre formel de ne pas entrer dans la capitale. Le duc ne tint aucun compte de cette défense, et fut accueilli par les Parisiens avec une joie impossible à décrire : suivi d’une foule qui augmentait sans cesse, il alla au Louvre présenter ses respects au roi.


On se contraignit également des deux côtés, dans la crainte de faire éclater la guerre civile ; mais Henri III ayant fait venir des troupes le lendemain 12 mai 1588 avec l’intention de se saisir des principales places de la ville, le peuple tendit des chaînes et chassa les soldats de tous les postes ; c’est ce qu’on appelle la journée des barricades.


Le duc de Guise pouvait en ce moment s’emparer de la personne du roi : il se laissa séduire par Catherine de Médicis, toujours prête à négocier, et tandis qu’elle l’arrêtait par des propositions qui n’ont jamais été connues, Henri III quittait Paris à la hâte, il fuyait vers Chartres, d’où il se rendit à Rouen. C’est dans cette ville que sa mère lui fit signer l’édit de réunion qui avait pour but d’éloigner de la couronne tout prince protestant, et qui semblait remettre en faveur le duc de Guise, comme s’il était possible qu’une pareille offense fût oubliée par celui qui l’avait faite et par celui qui l’avait reçue.


Le roi connut alors dans quelle affreuse situation l’avait conduit la politique de Catherine de Médicis, et l’on croit qu’il ne consentit à signer l’édit de réunion que pour mieux assurer le dessein formé de se défaire des ennemis de sa maison. Il se rendit à Blois, où il convoqua les états généraux, dont l’ouverture eut lieu le 10 octobre 1588 ; le duc de Guise s’y présenta malgré les avertissements secrets qu’il avait reçus : le roi et lui communièrent au même autel, prenant ainsi la religion à témoin de la sincérité de leur réconciliation.


Mais le parjure était égal des deux côtés. Le duc fut assassiné le 23 décembre, et le cardinal son frère le lendemain, par ordre de Henri III, qui n’était plus assez puissant pour faire condamner juridiquement un sujet, lorsque ce sujet aspirait à le priver de la couronne.


Cette action violente ne fut pas même justifiée par le succès : car la plupart des seigneurs de la maison de Lorraine échappèrent à l’ordre qui avait été donné de les arrêter, et la ville de Paris, en apprenant la mort du duc de Guise, leva l’étendard de la révolte, et proscrivit son roi auquel elle ne donna plus que le nom de Henri de Valois : exemple qui fut imité par les principales villes du royaume.


Catherine de Médicis, depuis longtemps odieuse à tous les partis, mourut à l’âge de 72 ans le 5 janvier 1589 ; dans l’effervescence où étaient les esprits, la perte de cette princesse fut à peine remarquée. On savait que Henri III venait enfin de se rapprocher du roi de Navarre ; en voyant la couronne défendue par les huguenots, les catholiques ne se firent point illusion sur le sort qui leur était réservé. Paris surtout, redoutant la réunion des deux armées royales qui s’avançaient victorieuses, rappela le duc de Mayenne, généralement reconnu pour chef de la Ligue, depuis l’assassinat du duc de Guise, son frère, et auquel on donna le titre de lieutenant général de l’État royal et couronne de France.


Mayenne était trop honnête homme pour former une faction ; mais il avait toute la prudence nécessaire pour conduire une faction formée. Les événements, bien plus que son caractère, l’ayant décidé à prendre les armes contre la maison royale, il mit dès lors sa probité à ne point manquer à son parti. Mais s’il n’avait point l’ambition du duc de Guise, il n’avait pas non plus son activité ; aussi ne put-il empêcher que le siège de Paris ne fût entrepris par l’armée des deux rois.


Henri III était redevenu un héros depuis qu’il se laissait diriger par le roi de Navarre ; en même temps qu’il se disposait à soumettre les factieux, il ne négligeait point d’employer les moyens avoués par la politique pour diviser ses ennemis ou pour les regagner. Les gens sensés de la capitale, depuis longtemps désignés sous le nom de politiques, désiraient un accommodement et obtenaient du crédit en prouvant qu’il était ridicule de se battre pour disposer de la succession d’un roi qui n’avait pas quarante ans.


La Ligue touchait à sa ruine, lorsqu’un dominicain, nommé Jacques Clément, alla trouver Henri III, dont le camp était à Saint-Cloud, sous prétexte d’avoir un secret important à lui communiquer : il fut admis en sa présence et profita du moment où ce prince lisait avec attention une lettre qu’il lui avait apportée, pour lui plonger son couteau dans le ventre. Henri retira lui-même le couteau de sa blessure et en frappa au front le meurtrier que les courtisans massacrèrent avec une promptitude qui ne permit pas de connaître par quels ordres il avait agi.


Henri III mourut le lendemain 2 août 1589 dans la 39e année de son âge et la seizième de son règne. Comme il n’avait pas d’enfants, l’ordre de succession appelait au trône les Bourbons dans la personne de Henri IV ; mais ce prince ayant toujours repoussé les sollicitations qui lui avaient été faites d’embrasser la religion catholique, ses droits lui furent contestés.


La crainte présente d’un roi calviniste ranima la fureur de la Ligue : l’espoir de se faire acheter et le plaisir de se faire craindre rendirent à l’ambition toute son activité, et la mort de Henri III fut le signal de nouvelles divisions. En lui finit la branche des Valois, qui avait régné deux cent soixante et un ans et donné treize rois à la France : il ne resta de cette maison que Charles, bâtard de Charles IX.


L’influence de Catherine de Médicis sur ses trois fils, François II, Charles IX et Henri III, avait introduit à la cour un luxe jusqu’alors inconnu, une immoralité dont on n’avait point encore eu d’exemple, et substitué à l’ancienne loyauté française cette politique italienne, qui peut convenir à de petits usurpateurs se disputant momentanément la possession de quelques villes, mais qui dans un grand État sera toujours le plus terrible des fléaux.


Le pouvoir se compose de force et de confiance : perdre le droit d’être cru, c’est renoncer à la plus belle partie de l’autorité. Henri IV, qui avait vu jusqu’à quel point la puissance se dégrade par l’intrigue et le mensonge, rendit sa parole plus sûre que les traités faits sous ses prédécesseurs : sa loyauté contribua autant que sa valeur à apaiser les troubles qui, depuis si longtemps, désolaient la France.