Né en 946, il meurt en 996.
Il règne de 987 à 996.


 Les Carolingiens s'éteignent à la mort de Louis V dit "Le fainéant". Un an après son avènement au trône, ce dernier meurt d'une chute de cheval en 987.


Logiquement, l'héritier devrait être l'oncle du défunt roi, Charles le fils de Louis IV. Mais ce dernier a hérité du Duché de Basse-Lotharingie (Brabant), et à ce titre il est le vassal de l'empire germanique. Comment les barons francs pourraient ils élire un roi vassal de l'Empire ?

Très vite, un homme fait figure de favori : Hugues Capet, le fils de Hugues le grand dit "Duc des Francs", et descendant de Robert le Fort. Son surnom de Capet vient de chappet, désignant celui qui porte une chappe d'Abbé, et Hugues est propriétaire de plusieurs abbayes.

De plus, Hugues est assuré du concours de l'Archevêque de Reims, Adalbéron qui est le premier prélat du royaume. Ce dernier convoque l'assemblée qui doit élire le roi à Senlis où il fait un discours on ne peut plus éloquent en la faveur de Hugues :

"Nous n'ignorons pas que Charles a ses partisans qui soutiennent qu'il est digne du royaume parce que ses parents le lui ont transmis. Pourtant, si l'on examine la question, on sait que le royaume ne s'acquiert pas par droit héréditaire et que l'on ne doit élever à la royauté que celui qui s'illustre, non seulement par la noblesse de son corps, mais aussi par la sagesse de son esprit, celui que sa loyauté protège et que sa magnanimité fortifie. Choisissez le Duc, le plus illustre par ses actions, sa noblesse et sa puissance militaire..."

Hugues Capet est élu puis sacré roi de France à Noyon.
Ce couronnement marque à jamais la fin de la dynastie carolingienne.

Il n'existe aucun portrait historique de Hugues Capet, il reste un roi sans visage et énigmatique. Les appréciations de ces contemporains sont contradictoires ; pour certain il était un homme aimant la vie simple, pour d'autre, sa bonté était immense...
Il semblerait qu'il fut un roi pieux, ennemi du luxe, habile en politique plutôt que combatif, et surtout doté d'une patience à toute épreuve et d'une volonté de durer qui lui ont permis de surmonter des erreurs de jugement et des choix peu judicieux.
C'est un fait, sans son obstination, sa lignée déjà éminente n'aurait pu devenir une dynastie royale.
Son père, Hugues le Grand, était le duc des Francs et surtout l'arbitre du jeu politique entre l'empereur d'Allemagne et les Carolingiens. Les possessions de Hugues Capet sont réduites aux comté d'Orléans et de Senlis, ainsi que quelques lieux mineurs et des Abbayes dont St Martin de la Tour où il était l'abbé laïque et où était conservée la Chape du Saint, d'où son surnom de Capet.
Sa primauté politique entre Seine et Loire s'exerce sur de nombreux vassaux et lui permet, après avoir pratiquer un jeu de bascule entre l'empereur d'Allemagne et les derniers Carolingiens, d'être presque régent du royaume dès mars 987.
Elu à Compiègne, il est sacré roi le 3 juillet 987 à Noyon.

Le principe qui a élu Hugues, c'est à dire l'élection par les grands (bien que de plus en plus formel par la suite), subsistera jusqu'à Philippe Auguste.
A noter que ce principe reste impuissant à remettre en question le principe héréditaire, rapidement remis en avant par Hugues Capet.
Hugues Capet lors de son sacre prononce un serment qui sera repris par tous les rois de France à venir :



"Moi Hugues, qui dans un instant vais devenir roi des Francs par la faveur divine, au jour de mon sacre, en présence de Dieu et des Saints, je promets à chacun de vous de lui conserver le privilège canonique, la loi, la justice qui lui sont dus et de vous défendre autant que je le pourrai, avec l'aide du seigneur, comme il est juste qu'un roi agisse, en son royaume, envers chaque évêque et l'Eglise qui lui est commise. Je promet aussi de faire justice, selon ses droits, au peuple qui nous est confié."    

Ce serment met en avant la carte de protecteur des églises et des monastères, donc adversaire de l'anarchie naissante de la société féodale que les moines combattaient autant que les princes.
Quant à la justice envers les seigneurs et le peuple, qui à l'époque ne dépassait pas le stade des voeux pieux, elle deviendra peu à peu l'idée force qui permettra à la monarchie capétienne de s'affirmer à la fois au sommet et en face de la féodalité pour mieux la dominer.

Une fois sacré, Hugues Capet éprouve le besoin de mieux asseoir son pouvoir, bien que son élection n'ait provoqué que de rares protestations.
Pour cela il lui faut être sur que son fils lui succède. Hugues reprend une coutume byzantine et demande à Adalbéron de sacrer de son vivant son fils Robert.
L'Archevêque commence par refuser, mais le roi lui présente une lettre du Duc Borel (d'Espagne) lui demandant secours contre les arabes. Le roi invoque la nécessité de la défense du royaume et du risque de la disparition d'un chef unique.
Adalbéron cède à ce que certain ont considéré comme un subterfuge pour imposer son hérédité, bien que le jeune Robert était loin d'être dénué de mérite.

Il fut sacré par l'Archevêque le jour de Noël 987 à Orléans, et son père le marie à Rozala (la riche veuve du comte de Flandre), qu'il répudie rapidement tout en conservant la dot (Montreuil sur mer).
Mais Charles de Lorraine ne pouvait pas en rester là, surtout qu'il a mal accepté d'être évincé du trône qui lui revenait de droit.
En 988, il s'empare de Laon par trahison, ainsi que d'Adalbéron de Reims, qui réussit à s'évader après le deuxième siège et meurt en janvier 989. Alors qu'il avait désigné un successeur, gerbert, le roi fait élire, comme archevêque de Reims, Arnoul (un bâtard de Lothaire) qui s'engage à abandonner la cause de son oncle Charles de Lorraine. Mais aussitôt investi, ce dernier trahit ses serments et livre Reims à Charles.
Finalement Charles et Arnoul finissent par être capturés. Arnoul est remplacé par Gerbert dont la fidélité est également douteuse puisqu'il rallie la cause de l'empereur Othon III. Cependant, les évêques français se refusèrent à le condamner en affirmant l'indépendance totale du clergé des Gaules.

Eudes I le comte de Blois, vassal de Hugues Capet, était un des grands féodaux à pouvoir rivaliser avec lui. Mais prudemment, il choisit de s'attaquer aux alliés du roi notamment Bouchard (comte de Paris) et son gendre Foulques Nerra (duc d'Anjou).
Eudes s'empare de Melun (tenu par un vassal de Bouchard). L'affaire échoue et provoque une guérilla de deux ans entre Eudes et Foulque Nerra. Le duc d'Anjou en profite pour s'emparer de Nantes en juin 992, ce qui n'empêche pas en 994 et 995 une reprise des hostilités.
Eudes finit par assiéger au cours de l'hiver 995 - 996 le Château de Langeais, où Foulques s'était enfermé ; mais heureusement le roi vient à son secours, et Eudes se voit contraint d'implorer une trêve avant de mourir en mars 996.
Il laisse une veuve, Berthe, qui épousera Robert II pour conserver l'héritage de ses fils.
C'est à cause d'elle que les derniers mois du règne de Hugues furent ternis par une discorde, car Robert II s'était épris de Berthe. De plus ce mariage était canoniquement impossible (parenté au troisième degré), et Gerbert s'y oppose. Robert devra attendre la mort du roi pour concrétiser une union qui s'avéra funeste.

Pour bien comprendre le règne de Hugues Capet il faut évoquer la France qu'il eut à gouverner.
Déjà la distinction entre les limites théoriques de son royaume, plus étendues au sud (comté de Barcelone) et plus limité à l'est (par les royaumes de Lorraine et de Bourgogne) que la France actuelle ; et celle d'un pouvoir réel n'excédant pas l'Ile de France et les régions voisines, l'hommage des grands féodaux étant resté théorique.
De plus le roi a été victime d'un double phénomène ; le relâchement des liens vassaliques entre le roi et les grands féodaux (qui se résumait à la non hostilité envers le roi) ; et l'émiettement du pouvoir en de multiples seigneuries où le pouvoir n'est plus exercé au nom du roi ou du comte, car son possesseur l'avait reçu en héritage ou usurpé.
Comme fondateur d'une nouvelle dynastie, Hugues Capet à su s'imposer habilement, en dépit de certaines erreurs de jugement.
Dès son règne on peut discerner certaines constantes de la monarchie capétienne, comme le gouvernement avec un conseil de fidèles où dominaient les évêques. Pourtant cela n'empêche pas le roi de marquer son indépendance et celle de l'Eglise Franque à l'égard de la papauté et de l'empire, ce qui donne une ébauche de l'identité nationale.