Philippe II Auguste

ou le Conquérant ou Dieudonné

(né le 21 août 1165, mort le 14 juillet 1223)

(Roi de France : règne 1180-1223)


 

Philippe Auguste est né à Paris en l’an de grâce 1165, le fils de Louis VII Le Jeune (roi de 1137 à 1180), et de sa troisième épouse Adèle de Champagne.

Philippe Auguste est sacré du vivant de son père, le 1er novembre 1179, selon la pratique d’association qui prévaut chez les Capétiens depuis 987.

En 1180, le 18 septembre, il devient roi, en succédant à son père, il n’a que 15 ans. Il est le premier Capétien énergique et habile, à avoir une vision de la monarchie aux dimensions de la France.

 

Les territoires qui appartiennent à Philippe Auguste au moment de son couronnement sont peu étendus (Iles de France, Orléanais, et une partie du Berry) et surtout le roi n’a qu’une autorité restreinte. Or, Philippe Auguste est un grand rassembleur de terre et l’année de son accession au trône, il épouse Isabelle de Hainaut.

Ce mariage lui apporte en dot, l’Artois, mais aussi les villes d’Arras et de Saint-Omer. Mais cette extension du royaume se fait surtout aux dépens des Etats des Plantagenêt, et des intérêts de la maison de Champagne, la reine mère Adèle, se réfugie auprès d’Henri II Plantagenêt. Cependant, celui-ci reste neutre car il doit faire face aux ambitions de ses propres fils (Richard Coeur de Lion et Jean Sans Terre)

 

Philippe Auguste se brouille ensuite, avec l’oncle de sa femme, le comte de Flandre et une grande coalition féodale se forme contre lui.

Or, contre eux, le roi utilise les droits qu’il tire de sa position de suzerain. Et surtout, il signe avec Henri II, le 28 juin 1180, à Gisors, un traité d’Alliance offensive et défensive qui permet au jeune roi de triompher de ses barons.

Le comte de Flandre, qui avec la dot, perd une partie de ses territoires, s’allie à la Reine mère, à la maison de Blois-Champagne.

Aucune solution n’est trouvée par les armes et l’alliance des barons s’effiloche. En 1185, Philippe Auguste devient maître de la situation. Il prend le château de Boves et, pendant trois semaines, sans combattre, il fait face à l’armée de Philippe d’Alsace qui est désormais isolé. Le comte de Flandre, à son tour, finit par demander la paix : par le traité de Boves, le roi reçoit l’Artois, Amiens et 65 places fortes dans le Vermandois qui lui assurent la domination politique de la région.

 

Cette victoire étonne les contemporains et lui vaut, son surnom d’Auguste.

Cependant, sa préoccupation principale est de lutter contre la puissance inquiétante des rois d’Angleterre, désormais dotés de fiefs continentaux.

En effet, par sa situation stratégique, par sa richesse agricole et par la qualité de son administration, la Normandie est un enjeu. C’est ainsi, que Philippe Auguste soutient la révolte des fils d’Henri II contre leur père, et oblige celui-ci à céder une partie du Vermandois. De plus, le roi marie sa fille à Jean Sans Terre, un des fils d’Henri II Plantagenet.

 

A la mort d’Henri II, en 1189, il se retrouve face à Richard Coeur de Lion, devenu duc de Normandie, et roi d’Angleterre.

D’abord unis au cours de la troisième croisade en 1190, les deux rois s’opposent ensuite.

En effet, Philippe Auguste rentre le premier (1191) et profite de l’absence de Richard pour occuper le Vexin normand et les comtés d’Aumale et d’Eu. Ensuite, il obtient l’hommage de Jean Sans Terre pour la Normandie.

Richard Coeur de Lion décide de rentrer afin de défendre sa terre et de déjouer les intrigues du roi de France, mais il est capturé et fait prisonnier de 1192 à 1193, par l’empereur germanique Henri VI, fils de Frédéric Barberousse.

Philippe fait le maximum pour que sa libération soit aussi tardive que possible.

Cependant, une fois libre, Richard inflige une série de défaites au roi de France (notamment l’échec humiliant dans la forêt de Fréteval en Vendômois en 1194) mais il est tué en Limousin, touché par une flèche alors qu’il assiège le château d’un vassal indocile.

Cette mort sauve le souverain français qui reprend les hostilités contre Jean sans Terre, nouveau roi d’Angleterre. Philippe Auguste le reconnaît en échange du Vexin normand, d’Evreux, du Berry.

Or, Jean ne se présente pas pour rendre hommage au roi de France, qui le condamne en avril 1202 et lui confisque ses fiefs et entreprend la conquête de la Normandie.

Philippe s’empare donc de la Normandie, du Maine, de l’Anjou, de la Saintonge, de la Touraine et de la moitié du Poitou (de 1204 à 1208). Quand Jean tente de se venger en suscitant une coalition contre le roi de France, la victoire de Bouvines en 1214, sauve Philippe qui a su cristalliser un véritable sentiment national. S’il échoue dans une tentative de mainmise sur l’Angleterre (échec de l’expédition de son fils, le dauphin Louis, futur Louis VIII en 1216), ses victoires continentales ont permis une extension considérable des territoires royaux.

A la fin du règne de Philippe Auguste (en 1223), le domaine royal est quatre fois plus étendu qu’à son avènement, allant de l’Artois à la Saintonge, de l’Atlantique à la Loire, rejoignant l’Auvergne et la vallée du Rhône. Le roi contrôle les comtés de Flandre et de Champagne, les duchés de Bourgogne et de Bretagne et le puissant comté de Toulouse, épuisé par la croisade contre les Albigeois (1209-1229).

Enfin, le roi adopte de nouvelles méthodes de gouvernement : institution des baillis après la suppression des offices féodaux de sénéchal [1] et de chancelier. Il fixe la cour à Paris, où sont conservées les archives nationales à partir de 1194.

A la fin de son règne, Philippe Auguste entre en conflit avec le pape Innocent III, en raison de son mariage avec Agnès de Méranie.

En effet, il est marié avec Isambour de Danemark (1193), mais le roi ne consomme pas ce mariage et fait voter son annulation par une assemblée d’évêques. Ensuite, il épouse Agnès. Or, le pape ne reconnaît pas cette union de demande au roi de reprendre la princesse danoise, ce que Philippe refuse.

C’est alors que le pontife n’ayant pu faire fléchir le roi, décide de jeter l’interdit sur le royaume (en 1200) mais Philippe ne s’incline qu’en 1213, bien après la mort d’Agnès de Méranie (1201).

Philippe Auguste, à sa mort (à Mantes) en 1223, laisse à son fils Louis VIII un pouvoir consolidé, à tel point que celui-ci a pu abandonner le vieil usage capétien consistant à faire sacrer son successeur de son vivant.

C’est avec Philippe Auguste, et grâce à lui, que le royaume de France, dépassant la principauté d’Ile de France, devient une puissance de premier plan en Europe.